Partager votre histoire, c’est d’abord faire face à vous-même. Affronter, peut-être, des souvenirs qui parfois bousculent, ravivent… ou écorchent. C’est lever le voile sur ce que vous avez longtemps gardé enfoui, mettre des mots sur ce qui, jusque-là, n’existait que dans le silence.

Ce n’est pas une démarche anodine. Car écrire, ce n’est pas simplement raconter. C’est oser briser un mur intérieur. C’est accepter de vous montrer tel que vous êtes, avec ce risque qui vous hante : et si personne ne comprenait ? Et si l’on vous jugeait ? Et si, au lieu de vous libérer, écrire réveillait en vous quelque chose de trop grand, trop fort ?

Si ces questions vous troublent, c’est parce qu’au fond, l’envie est là. Latente, insistante, peut-être étouffée sous les doutes, mais bien réelle. Quelque chose en vous sait que le moment est venu. Que reculer ne suffira plus. Vous sentez cette tension entre la peur et l’élan, ce tiraillement entre le silence et l’envie de dire enfin.

Vous êtes prêt(e). Prêt(e) à avancer. À écrire. À partager votre expérience.

Voici comment franchir ce cap.

 Les trois principales peurs et comment les surmonter

1 – La peur du jugement : « Que vont-ils penser de moi ? »

Cette peur est terriblement paralysante. Vous vous dites que si vous racontez ce que vous avez vécu, si vous partagez votre expérience en vérité, on ne vous regardera plus jamais de la même façon. Vous avez peur que l’on vous prenne pour une personne fragile, instable. Ou pire, que l’on doute de votre parole…

Vous avez peut-être été victime d’un abus, d’une trahison, d’un événement dont personne ne soupçonne l’ampleur. Vous craignez les réactions : « Ce n’est pas possible, tu exagères. » « Pourquoi tu en parles maintenant ? » « Tais-toi, ça va créer des problèmes. » Un peu comme une personne qui aurait survécu à un naufrage et qui, une fois sur la terre ferme, entendrait les autres lui dire qu’il n’y a jamais eu de tempête. Mais vous savez ce que vous avez vécu et surtout, vous en portez les cicatrices. Alors dites-vous bien ceci :

  • Le jugement des autres ne change en rien votre vérité.
  • Ce que vous avez traversé ne définit pas votre valeur.
  • La force ne réside pas dans le silence, mais dans la capacité à affronter la réalité.

Oui, c’est vrai. En partageant votre expérience de vie, certaines personnes vous jugeront peut-être. Mais beaucoup d’autres vous comprendront. Vous trouverez des alliés et des personnes qui vous diront : “Moi aussi, j’ai vécu ça. Moi aussi, j’ai eu peur. Mais maintenant, je sais que je ne suis plus seul.”

Affronter peur du jugement quand on partage son histoire

2 – « Et si mon histoire blessait quelqu’un ? »

Parfois, le silence est une protection. Vous avez peut-être grandi dans une famille où l’on ne parle pas des choses qui dérangent. Où tout ce qui s’éloigne de la normalité est enterré, caché, nié. Raconter, c’est briser cet équilibre fragile. C’est risquer de faire ressurgir des souvenirs que d’autres voudraient oublier. C’est exposer ce qui a été soigneusement dissimulé pendant des années. Alors naturellement, en partageant votre histoire, vous craignez de faire du mal, de déclencher des conflits, de perdre des relations importantes. C’est une peur légitime. Mais posez-vous cette question : le silence vous protège-t-il vraiment ?

Peut-être avez-vous grandi avec un parent violent, une mère absente, un secret familial qui vous a hanté toute votre vie. Peut-être que, depuis toujours, on vous dit : “Ça ne te regarde pas.” Mais si ! justement ! ça vous regarde. Il y a un prix à payer au silence. Et souvent, il est bien plus lourd que celui de la parole. 

👉 Comment avancer malgré cette peur ?

+ Vous pouvez choisir comment raconter. Si vous avez décidé d’écrire un livre sur votre histoire, vous avez le droit de garder l’anonymat si vous le souhaitez, d’adapter certains détails, ou de trouver la juste distance entre le respect et la vérité. Ce choix vous appartient et doit avant tout vous permettre de vous sentir en sécurité dans votre démarche.

+ Ce qui importe avant tout, c’est de vous centrer sur votre propre vécu : ce que vous avez ressenti, les répercussions que cela a eues sur vous, comment cela vous a façonné. Votre histoire vous appartient et personne ne peut vous en priver.

+ Ne vous laissez pas intimider par l’idée que votre parole dérange. Si elle doit bousculer certains équilibres, c’est peut-être qu’ils reposaient sur le silence et le déni.

+ Si raconter vous semble trop difficile seul(e), commencez par écrire pour vous-même, ou par en parler à une personne de confiance qui pourra vous soutenir dans ce processus.

La vérité n’a pas besoin d’être une arme. Elle peut être un baume. Et parfois, en osant parler, on permet à d’autres de faire de même. De plus, n’oubliez jamais que dire la vérité n’est pas un acte de violence. C’est un acte de libération

Ecrire pour partager son histoire

3 – « Je ne suis pas sûr de savoir comment le dire… »

Lorsque l’on porte en soi une histoire lourde, il peut être difficile de trouver les mots justes. Par quoi commencer ? Comment raconter sans se perdre dans l’émotion ? Vous avez peut-être vécu quelque chose d’extrême. Une agression. Une perte brutale. Une trahison qui a brisé votre vie. Comment retranscrire cela sans que ce soit trop douloureux ? On croit parfois que les mots doivent être parfaits. Mais la vérité, c’est qu’ils n’ont pas besoin d’être beaux. Ils ont juste besoin d’exister.

Un témoignage n’a pas besoin d’être un chef-d’œuvre littéraire. Ce qui compte, c’est l’authenticité.

👉 Quelques conseils pour commencer :

  • Écrivez comme si vous parliez à votre meilleur ami.
  • Commencez par une scène précise, un moment qui vous revient en mémoire.
  • Ne cherchez pas à tout raconter d’un coup. Allez-y par étapes.

La parole, c’est comme une rivière bloquée par un barrage. Le premier mot est une brèche. Puis l’eau commence à s’écouler, doucement d’abord, puis avec plus de force.

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partager son histoire pour trouver la liberté

Partager son histoire : un acte profondément libérateur 

Le silence enferme. Il isole. Il donne l’impression que ce que vous avez vécu n’existe pas vraiment. Que si vous n’en parlez pas, alors peut-être que ce n’est jamais arrivé. Mais la douleur, elle, est bien là. Elle s’exprime autrement. Par des cauchemars, des angoisses inexpliquées, des blocages.

Ce que l’on garde pour soi finit toujours par ressortir d’une manière ou d’une autre. Raconter, écrire, c’est reprendre le contrôle. C’est reprendre possession de son histoire, de sa voix, de son pouvoir.

Partage d’expérience : Ils ont osé parler, et tout a changé

Raymond Gurême : Dire la vérité pour transmettre l’Histoire
Raymond Gurême, manouche français né en 1925, a vécu l’un des chapitres les plus sombres de sa vie dans un camp d’internement en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Pendant des décennies, il a gardé le silence. Personne ne voulait entendre ce que les Tsiganes avaient subi. Mais un jour, il a décidé de parler. De témoigner pour que l’on se souvienne. Son livre, Interdit aux nomades, a permis de révéler un pan méconnu de l’histoire française. En prenant la parole, Raymond Gurême n’a pas seulement libéré sa propre mémoire : il a rendu justice à ceux qui n’avaient jamais eu voix au chapitre.

#MeToo : Quand des milliers de voix brisent le silence
Pendant des années, des milliers de femmes ont gardé pour elles des violences subies, persuadées qu’on ne les croirait pas, que leur parole ne comptait pas. Puis est venu #MeToo. Ce mouvement n’a pas seulement changé la perception de la société sur les violences faites aux femmes. Il a transformé des vies. Des femmes qui se croyaient seules ont compris qu’elles faisaient partie d’une vague bien plus grande.

Camille Kouchner : Briser un secret familial pour se reconstruire
Son livre, La Familia Grande, publié en 2021, a brisé un silence familial pesant. Camille Kouchner savait que raconter cette histoire allait bouleverser l’équilibre familial, mais elle savait aussi que se taire, c’était laisser le mensonge l’emporter. Son courage a permis à des centaines de victimes d’inceste d’oser parler pour la première fois.

OSEZ LE PREMIER MOT

Oui, vous aurez peur. Oui, il y aura des doutes. Peut-être même que vous hésiterez encore, que vous reculerez à la dernière minute. C’est normal. Chaque pas vers la vérité est un combat intérieur. Mais demandez-vous ceci : qu’est-ce qui vous effraie le plus ? Parler… ou garder le silence toute votre vie ?

Si vous envisagez d’écrire un livre sur votre histoire, dites-vous bien que la peur est souvent le signe que ce que vous vous apprêtez à faire est important. Elle surgit lorsque vous vous tenez à la frontière entre ce qui a toujours été et ce qui pourrait enfin changer. Ce moment d’hésitation, c’est celui où l’ancien monde tremble, où quelque chose en vous sait qu’un avant et un après se dessinent.

Alors, faites ce premier pas. Peu importe la forme : une phrase griffonnée sur un carnet, un enregistrement de quelques mots, un mail adressé à vous-même. Ce n’est pas la perfection qui compte, mais le fait d’ouvrir la porte. Une fois le premier mot posé, les autres suivront.

Parce que votre histoire compte. Parce qu’elle a de la valeur. Parce qu’elle mérite d’être entendue.

Et si vous commenciez aujourd’hui ?

Et vous ? Quelle est votre expérience ? Avez-vous des pistes à partager ? Ou des questions ? Partagez votre point de vue ou vos questions directement dans les commentaires ci-dessous. Merci.

Sylvain Sismondi, éditeur du site ecriremesmemoires.com

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