Comment écrire une description
Écrire une description est un exercice périlleux. Qui n’a pas, au cours de sa scolarité abandonné la lecture d’un ouvrage à cause d’interminables passages descriptifs ?
Pourtant, dans un récit, les descriptions sont essentielles. Qu’il s’agisse d’une autobiographie, de vos mémoires ou d’un témoignage, vous êtes obligé, à un moment ou un autre, de raconter un paysage, planter un décor, dépeindre un visage ou esquisser une silhouette. Votre lecteur en a besoin. Il veut voir. Il veut se représenter la scène que vous avez vécue.
Même s’il va la traduire ensuite avec ses propres images, ses références et sa propre histoire, vous devez lui donner les mots qui vont réveiller son propre imaginaire.
Décrire : un exercice à haut risque
Mais voilà. Rien n’est plus dangereux qu’une description. Car les descriptions marquent comme une pause dans le récit. Le rythme ralentit. On laisse de côté l’action pour entrer dans la contemplation. On passe de la course rapide à la marche.
Et si la description n’apporte pas de réelle valeur ajoutée, votre lecteur a toutes les chances de décrocher. La puissance de vos descriptions est donc fondamentale.
Et elle l’est d’autant plus que les lecteurs des jeunes générations ont pris des habitudes de lecture bien différentes des vôtres.
Ces dernières décennies, que ce soit à l’écran ou dans la littérature, la place des descriptions dans les récits a considérablement diminué, laissant la part belle à l’action. Avec Internet, l’essor des séries avec Netflix, du blogging, des chaînes Youtube et plus largement la multiplication des contenus, toute une génération est s’est habituée à être saisie par l’action, laissant souvent de côté tout ce qui n’est pas “prenant”.
Comment rendre une description captivante ?
Il existe de nombreuses techniques mais ce ne sont que des outils. Le plus important est la réflexion préalable à l’écriture de votre passage descriptif. Voici 4 questions à vous poser pour faire une description captivante :
1 – Quel message voulez-vous transmettre à travers votre description ? Une description ne doit jamais être « gratuite ». On ne décrit pas seulement pour montrer et donner à voir. Décrire, c’est aller plus loin que la surface des choses. La description d’un paysage peut par exemple révéler l’état d’âme d’un personnage et enrichir son portrait.
2 – Quel est le rôle de votre description par rapport au récit qui précède ? Vient-elle compléter, nuancer, noircir, créer un contraste. Pensez à la façon dont cette description va servir votre action. Ne la considérez pas comme un passage à part mais bien un élément intégré nourrissant le reste du récit.
3 – Comment pouvez-vous rendre votre description la plus vivante possible ? Votre description doit être vivante ou envoutante. N’hésitez pas à user de métaphores, comparaisons, personnifications… Mettez-vous à la place du lecteur : qu’est-ce que cette description lui apporte ?
4 – Votre description comporte-t-elle une touche personnelle ? Il est essentiel que votre description sorte des sentiers battus. Évitez à tout prix les clichés ! Il n’y a rien de pire. Mettez-y votre culture personnelle, votre style propre, prenez des risques.
Une description bien écrite (c’est-à-dire bien pensée en amont) possède un réel pouvoir sur les lecteurs.
À vous de jouer !
Cet article n’a pas pour vocation de vous livrer des techniques ou de vous proposer des exercices mais plutôt d’attirer votre attention sur l’importance de vos descriptions. Pour progresser en écriture, ce site proposera bientôt des ateliers et des formations. N’hésitez pas à vous inscrire si vous souhaitez recevoir des conseils et être informé des formations. Mon email : ecriremesmemoires@gmail.com
Sveltes comme des gratte-ciel
À titre d’exemple, voici la façon dont Gaël Faye décrit ses parents dans son livre Le Petit Pays.
« Il avait un certain charme, le paternel, avec ses yeux tranchants, ses cheveux clair veinés de blond et sa stature de Viking. Mais il n’arrivait pas à la cheville de maman. Et c’était quelque chose, les chevilles de maman ! ça inaugurait de longues jamais effilées qui mettaient des fusils dans le regard des femmes et des persiennes entrouvertes devant celui des hommes.
Papa était un petit Français du Jura, arrivé en Afrique par hasard pour effectuer son service civil, il venait d’un patelin dans les montagnes qui ressemblait à s’y méprendre aux paysages du Burundi, mais chez lui, il n’y en avait pas, des femmes avec l’allure de Maman, des roseaux d’eau douce à la silhouette fuselée, des beautés sveltes comme des gratte-ciel à la peau noir ébène et aux grands yeux de vaches Ankole. »